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L’atonie du modèle économique algérien face à un système mondial en pleine célérité

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L’atonie du modèle économique algérien face à un système mondial en pleine célérité

Nassima Ouhab

Amenuisée par la chute du cours des hydrocarbures et par la rétractation de l’économie mondiale à la suite de la Covid-19, l’économie algérienne devient de plus en plus vulnérable et peine à répondre aux impératifs financiers exigés par les crises actuelles, alors que l’Algérie et le 3ème producteur de pétrole en Afrique et dispose de l’un des PIB les plus élevés du continent (4ème selon les données du FMI avec 169 milliards de dollars en 2019).

En effet, la dépendance étendue des recettes budgétaires vis-à-vis de la rente pétro-gazière a suffoqué le développement du pays du fait que la performance de l’économie nationale soit assujettie à la volatilité des prix de l’or noir. D’ailleurs, depuis l’effondrement du cours en juin 2014, les réserves financières du pays ont diminué de 141 milliards de dollars, passant de 196 milliards en 2013 à 51 milliards début 2020. En l’absence d’alternative à cette mono-source de revenus, le gouvernement entreprend tant bien que mal des ajustements juridiques dans les secteurs clés dans le but d’améliorer l’attractivité, sans toutefois élaborer une véritable stratégie de diversification économique sur le moyen ou le long terme, laissant ainsi planer plusieurs zones d’ombre sur les moyens à déployer et les concessions à octroyer aux investisseurs étrangers en sachant que dans la plupart des États rentiers, les actions collégiales sont souvent influencées par les intérêts personnels d’une élite très restreinte [1].

 

À l’aune de l’actuelle crise multidimensionnelle liée au Coronavirus, tout comme l’économie mondiale, l’économie algérienne aussi a dévoilé ses limites structurelles auxquelles il faudra impérativement pallier. Dès lors, quel constat peut-on faire de l’économie algérienne aujourd’hui ? Et quels sont les défis à relever ?  

[1] Abdelkader Sid Ahmed, « où va l’Algérie :  Algérie : quel développement ? Paradigme du consensus de Washington ou paradigme asiatique ? », Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans, 2001.

Capacités potentielles versus développement contesté

Les prévisions alarmantes des rapports du FMI et de la Banque Mondiale de cette année relatives aux perspectives économiques mondiales escomptent une croissance de l’économie algérienne de l’ordre de -6,4%[2] (juste derrière le Liban et la Ci-Jordanie) et un déficit budgétaire qui devrait dépasser 20% du PIB[3]. À vrai dire, la pandémie actuelle n’a fait qu’accentuer les déséquilibres financiers existants auparavant (dette publique exponentielle de plus de 46,3% du PIB en 2019 contre 8,8% en 2015, balance courante de – 16,2% du PIB en 2019 et dette extérieure de 1,7% du PIB). S’ajoute à cela la baisse des revenus des hydrocarbures due au recul de la demande mondiale et à l’effondrement du cours à 14 dollars le baril en mai dernier, ayant impacté significativement les recettes de l’État eu égard au poids conséquent des hydrocarbures dans le budget (21% du PIB, 96% des exportations et 43% des recettes fiscales).

 

Cela dit, le cours de brut à moins de 80 dollars le baril serait fatal pour l’équilibre budgétaire de l’économie algérienne du fait de l’accroissement des dépenses de fonctionnement et des transferts sociaux. En l’occurrence, malgré une croissance positive ayant atteint 5% les années précédentes, le développement économique est loin de refléter la performance escomptée pour un pays qui détient les 12èmes réserves mondiales de pétrole conventionnel et les 3èmes de pétrole et gaz de schiste, et qui dégage une épargne brute supérieure à 50% du Produit National Brut.

 

Parallèlement, le contraste entre les richesses du pays et les progrès qui devraient être réalisés ne cesse d’alimenter les débats sur le modèle économique adéquat à adopter par les autorités politiques. Le surplus pétrolier accumulé depuis le début des années 2000, ayant permis à l’Algérie de solder la dette extérieure ainsi que le service de la dette[4] aurait pu propulser le pays au rang des grandes puissances économiques, d’autant que la stabilité de la situation sécuritaire à la suite de la guerre civile (1992-2002), et le rebond du prix du baril à plus de 100 dollars entre 2008 et fin 2013 le permettait amplement. La rente pétrolière a permis de maintenir pendant un certain temps la stabilité de quelques secteurs comme l’emploi, les investissements locaux et étrangers ainsi que l’industrie qui repose à son tour sur la production et la transformation des dérivés des hydrocarbures telles la pétrochimie et la sidérurgie. Subséquemment, les dirigeants optèrent pour une allocation hasardeuse des ressources au détriment d’une stimulation artificielle de la production nationale, contribuant ainsi à l’échec de toutes les stratégies de développement élaborées dès le début des années soixante-dix à l’instar de celle de l’industrialisation par la substitution aux importations, la stratégie des industries industrialisantes, puis les politiques volontaristes d’ouverture économique avant de subir un impérieux programme de libéralisation économique imposé par le FMI et la Banque Mondiale dans le cadre du Plan d’ajustement structurel des années quatre-vingt-dix.

Par ailleurs, l’étroitesse du marché intérieur et l’asthénie de la production nationale ont contraint les dirigeants à recourir à l’importation massive des produits alimentaires et des biens intermédiaires. D’après les dernières statistiques, les importations globales en 2019 s’élèvent à 41,93 milliards de dollars dont 8,07 milliards de dollars uniquement en produits alimentaires[2], tandis que les exportations globales du pays s’établissent à 35,82 milliards de dollars.

Les distorsions entre les importations et les exportations, conjuguées à une mauvaise redistribution des ressources et à une mauvaise gestion de l’argent public (transferts sociaux intempestifs, dépenses publiques opaques, corruption, fuite des capitaux, etc) ont eu un impact significatif sur le déséquilibre et le déficit budgétaires auxquels fait face l’Algérie depuis plusieurs années. Bien évidemment la chute du prix du brut est le principal facteur de la détérioration des revenus de l’État, mais l’articulation de l’économie autour de la rente pétro-gazière a eu des effets irrémédiables sur les variables sectorielles de l’économie comme le taux de change, le travail (les salaires et le chômage) et l’inflation du fait de l’absence de filières productives et à forte valeur ajoutée et ce malgré une accumulation de capital exponentielle depuis 2000 (32 dollars le baril en moyenne).

 

Les moyens financiers abondants dont disposaient les autorités algériennes n’ont malencontreusement pas été affectés aux objectifs de développement global et d’intégration dans l’économie mondiale comme il a été le cas pour les pays d’Asie (économie du savoir, nouvelles technologies, consolidation des indices du développement humain particulièrement l’éducation, ciblage des secteurs à haut potentiel productif et d’avantages comparatifs, etc). En conséquence, la résilience de l’économie est mise à l’épreuve à chaque crise, qu’elle soit liée à l’effondrement du cours de l’or noir à l’instar du contre-choc pétrolier de 1986, que ce soit d’ordre systémique comme cela a été le cas lors de l’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis en 2008 ayant engendré un chambardement comminatoire sur système financier mondial. Le risque aujourd’hui est encore plus palpable eu égard aux aspects multidimensionnels de la crise sanitaire actuelle (économique, sociale et systémique) en plus de celle générée par l’affaissement des volumes et des revenus des hydrocarbures. Les difficultés à affronter sont multiples et les défis à relever nécessitent d’importants moyens que les gouvernements successifs ont annihilés.

 

[2] La loi de finances complémentaire prévoit une croissance de -2,6%.

[3] https://www.imf.org/external/french/index.htm

[4] https://www.banquemondiale.org/fr/country/algeria

[5] La dette et le service de la dette absorbait plus de 80% des recettes des hydrocarbures en 1994 rendant ainsi difficile l’affectation d’une partie de ces ressources au développement des principaux secteurs d’activité économique (industrie, agriculture et services).

[6] https://www.douane.gov.dz/IMG/pdf/rapport_com_ext_2019_vf.pdf

Face à la crise, quels moyens pour quels objectifs

       L’année 2019 était riche en revirements tant sur le plan politique qu’économique. Le Hirak (manifestations populaires pacifiques qui ont débuté le 22 février 2019) a joué un rôle très actif dans la redéfinition des principes de la justice sociale et de la bonne gouvernance. Malgré la réticence des autorités politiques face aux exigences de la rue, une certaine prise de conscience des impératifs politiques et économiques à amorcer s’est installée au sein de la société civile dans le but d’assurer un meilleur avenir, non seulement au peuple, mais aussi aux générations futures. De son côté, le gouvernement, sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, puis Abdelmajid Tebboune, a annoncé quelques ajustements institutionnels et juridiques afin de remédier au manque de compétitivité de l’économie nationale, parmi lesquelles figurent le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures du 14 novembre stipulant l’assouplissement et la simplification du régime juridique de ce secteur en offrant plus de privilèges aux investisseurs et aux multinationales (plafonnement de l’impôt sur le résultat à 30%, allongement de la durée des contrats, ainsi qu’un partage des investissements et des exploitations plus favorables aux investisseurs étrangers), la réduction de moitié des dépenses de fonctionnement et d’investissement de Sonatrach, l’annulation du droit de préemption et son remplacement par l’autorisation préalable des Investissements étrangers et l’annulation de l’obligation de leur financement à travers le recours aux financements locaux, l’ exonération des taxes douanières et de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour une durée de deux ans renouvelables pour les composants acquis localement par les sous-traitants dans le secteur des industries mécanique, électrique et électronique.

        Bien que certaines mesures soient encourageantes, elles ne constituent qu’une partie infime de la stratégie de diversification économique que les décideurs politiques devraient adopter avant que la situation financière du pays ne se délabre. Une stratégie axée sur un véritable secteur industriel hors hydrocarbures compétitif, sur une économie de connaissance et de nouvelles technologies, sur une inclusion productive des secteurs périphériques de l’activité économique comme l’économie sociale et solidaire, l’énergie solaire, etc. La réussite de la diversification économique doit reposer essentiellement, d’une part, sur une gestion sérieuse et transparente de l’argent public, et d’autre part sur implication épanchée des compétences nationales dans le processus du développement local et national dans le but, non seulement d’exploiter leur savoir-faire, mais aussi d’instaurer un climat de confiance entre le peuple et son élite.     

Nassima OUHAB

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