Politiques de l'offre

Richesse des nation

Adam SMITH

- Main invisible
- Le marche
- La richesse
- Libéralisme

Adam Smith 

Jean-Baptiste Say

David Ricardo

Thomas Malthus

John Stuart Mill

 

 

 

La théorie

S’inscrivant dans la lignée de la pensée libérale, les tenants de la « politique de l’offre » estiment que la manière la plus efficace d’obtenir une croissance économique élevée sur le moyen et le long terme est d’inciter les entreprises à améliorer leur offre de biens et services et de conquérir de nouveaux marchés. C’est la méthode pour ­relancer l’économie la moins populaire, et pour cause ! Il ne s’agit pas de faire des ­cadeaux aux ménages, mais de faciliter la vie des entreprises, afin de leur permettre de produire mieux et moins cher.

Cette politique, qui puise son inspiration dans les courants libéraux de l’économie, va à l’inverse d’une politique de la demande qui est, elle, une politique économique d’inspiration keynésienne visant, dans un objectif de croissance, à agir sur la demande afin de relancer la production et l’emploi.

Cette thèse a notamment été popularisée au XIXème siècle par Jean-Baptiste Say  (la loi des débouchés) qui affirmait que « toute offre crée sa propre demande ». Dans les années 1980 les travaux de l’économiste Arthur Laffer  ont inspiré les politiques économiques menées aux Etats-Unis par le Président Reagan (les « reaganomics ») et en Grande-Bretagne par le Premier ministre Margaret Thatcher.

En France, le pacte de responsabilité et de solidarité de 2013, ainsi que la mise en place du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) sont inspirés de politique de l’offre. Ces mesures visent à réduire les charges patronales et donc les coûts salariaux pour que les entreprises puissent réduire leurs prix et donc gagner en compétitivité-prix. Ou augmenter leurs marges et investir davantage.

Cette politique de l’offre part du principe qu’une entreprise en bonne santé investira et embauchera des salariés. De ce fait, le chômage baissera et les individus pourront consommer davantage. Dès lors, les entreprises vendront plus de produits, augmentant ainsi leurs profits, ce qui mènera à un cercle vertueux où entreprises et individus pourront s’enrichir.

 

Les mécanismes pour mettre en place la politique de l’offre

Les fondements libéraux de l’économie de l’offre

L’objectif attendu de la politique de l’offre est le changement des comportements des agents économiques :

      • Accroissement de l’offre de travail ;
      • Accroissement de l’offre d’épargne ;
      • Plus grande incitation au travail (notamment via l’arrêt des mesures déresponsabilisantes) ;
      • Accroissement de la concurrence ;
      • Fin des gaspillages et des distorsions économiques (en jouant notamment sur les « signaux » adressés aux différents marchés). Les « signaux » renvoient en substance à des politiques d’incitation (la carotte) et de désincitation (le bâton).

Dans ce raisonnement, la production précède les revenus et la demande, alors que dans la vision keynésienne traditionnelle qui prévaut en France depuis de nombreuses décennies, c’est la demande qui crée les revenus et qui précède la production. Dès lors, pour stimuler l’offre et donc l’investissement capable de produire des richesses, il convient d’une part de diminuer la fiscalité et, d’autre part, d’éliminer (ou en tout cas d’amoindrir) toutes les réglementations et les rigidités qui de surcroît ont tendance à générer un accroissement du nombre des structures étatiques et des fonctionnaires inefficaces.

Faire en sorte que l’économie s’autorégule

La politique budgétaire de l’Etat n’a pas le pouvoir de freiner ou de stimuler l’activité économique, car un déficit ne fait en réalité que remplacer une demande privée à court terme. L’important, c’est de faire en sorte que, à long terme, l’économie s’autorégule; ce qui est profondément différent de la vision de Keynes qui disait que, « à long terme, nous serons tous morts« , signalant ainsi que pour lui la seule chose qui importe, c’est le court terme, au détriment des impacts possibles au-delà de cet horizon temporel. Dès lors, pour lui, les conséquences de long terme des décisions de court terme ne regardent pas les générations actuelles mais concernent les générations futures qui hériteront de la situation engendrée.

Au final, l’économie de l’offre fait référence à la « Loi des débouchés » de l’économiste Jean-Baptiste Say selon laquelle « l’offre crée sa propre demande ».

Toutes ces formulations peuvent apparaître comme extrémistes, mais ce n’est pas un hasard car seules des propositions radicales peuvent profondément changer le comportement des agents économiques. Par conséquent, cette politique de l’offre ne peut réussir que si l’exécutif qui s’assigne cet objectif le fait au nom de l’intérêt général et peut aller au-delà des intérêts particuliers, et notamment de ceux liés au secteur public. Par conséquent, toute la question est celle de la crédibilité du gouvernement en place, en d’autres termes, si ce dernier dépasse les discours et passe aux actes.

Les quatre propositions de l'économie de l'Offre

1) L'offre de facteurs de production est plus élastique que ne le pense la théorie keynésienne.

En d’autres termes, le côté à privilégier est l’offre (la production) et c’est la demande (la consommation) qui doit être considérée comme une conséquence de l’offre, et non son moteur : en libérant l’offre, la demande sera stimulée, et non l’inverse. En outre, il est possible d’agir davantage sur le facteur « offre » que ce qui est généralement considéré car les effets positifs induits d’une libération de l’offre sont supérieurs à ceux liés à un accroissement de la demande via une hausse des dépenses publiques.

2) Il existe des mécanismes fiscaux qui sont plus ou moins favorables à la prospérité économique d'un pays.

Dans ce cadre, la « préoccupation fiscale » consiste à diminuer les taux d’imposition jusqu’à un seuil efficient permettant à une économie de créer plus de richesses qu’avec un taux trop élevé :

  • Les taux d’imposition, jusqu’à un certain niveau, ne pénalisent pas la production et n’ont donc pas in fine d’effet négatif sur la croissance économique. Dès lors, tant que ce seuil n’est pas atteint, l’activité économique augmente en corrélation avec la hausse des rentrées fiscales. En effet, les impôts, utilisés efficacement, permettent la fourniture de biens et de services qui sont essentiels au fonctionnement de l’économie globale et favorables à la croissance (construction et entretiens d’infrastructures routières, éducation de la population, maintien de l’ordre, financement de la justice qui protège la propriété privée…). Dès lors, la fiscalité raisonnée permet de financer des dépenses publiques nécessaires à la mise en place d’un environnement économique apte à créer de la croissance. Notons cependant que ces dépenses doivent répondre à des besoins économiques globaux de long terme et pas à des considérations politiques corporatistes de court terme.
  • En revanche, dès que ce seuil est franchi, l’influence de la fiscalité sur l’offre de facteurs de production devient négative, c’est-à-dire que les pressions financières et fiscales découragent l’initiative privée. Dès lors, les dépenses publiques financées par l’impôt excessif se substituent à l’activité privée. Par conséquent, la taille du secteur public augmente, et sa charge pèse sur un secteur privé qui devient progressivement de plus en plus ténu. De plus, quand la fiscalité augmente, il y a mécaniquement un accroissement de la réglementation et des charges administratives qui viennent amplifier les freins à la production et à l’initiative privée pour créer des richesses. Par conséquent, cette situation de fiscalité et de charges administratives et réglementaires excessives revient à diminuer l’offre potentielle : le pays produit moins de richesses que permis par ses capacités.

3) L'économie de l'offre défend l'idée selon laquelle "trop d'impôt tue l'impôt".

Dans une autre version plus ancienne, cette idée donne: « Les hauts taux tuent les totaux ». L’économie de l’offre associe ici un taux d’imposition à un niveau de recettes fiscales. Quand la pression fiscale est excessive, elle détruit « l’assiette fiscale » (c’est-à-dire la base sur laquelle va être calculé l’impôt).

Autrement dit, des activités autrefois rentables disparaissent car la fiscalité et la réglementation excessives ne permettent plus la survie économique de ces activités où le gain retiré devient trop faible. Dès lors, malgré une fiscalité globale plus élevée, les rentrées fiscales diminuent car les agents sur lesquels ponctionner cette fiscalité sont moins nombreux, d’où l’aphorisme « trop d’impôt tue l’impôt ». Trivialement, il est possible de réduire cette idée comme ceci : « A trop vouloir traire la vache, la vache meurt ». Jusqu’à un certain niveau, le montant du produit de l’impôt augmente, mais, au-delà, ce montant diminue mécaniquement.

 

L’auteur le plus connu ayant souligné cette idée est l’économiste Arthur Laffer, avec ce qu’il convient d’appeler « La courbe de Laffer » qui prend la forme d’une cloche inversée dans un graphique à deux axes avec en abscisse (ligne horizontale) le taux d’imposition, et en ordonnée (ligne verticale) les recettes fiscales. Dans ce cadre, un taux d’imposition de 100% se traduit par des recettes fiscales égales à zéro ; idem pour un taux d’imposition de 0% qui se traduit nécessairement lui aussi par des recettes fiscales nulles.

 

Il existe donc entre ces deux niveaux extrêmes un niveau optimal qui permet d’optimiser les recettes fiscales sans freiner la croissance économique. Ainsi, lorsque les impôts sont trop élevés, en réduisant les taux d’imposition, les recettes fiscales s’en trouvent augmentées. Enfin, et par construction intellectuelle, un taux bas et un taux élevé entraînent la même recette fiscale. Il est donc préférable de choisir le taux le plus bas car cela stimulera davantage la croissance économique. Au final, la première chose à déterminer est ce taux d’imposition optimal et savoir s’il est atteint ou non.

4) L'imposition modifie deux types de prix relatifs : (1) l'arbitrage travail / loisir et (2) l'arbitrage consommation / épargne.

  • ARBITRAGE TRAVAIL / LOISIR :

Chaque individu a le choix entre le loisir et l’amélioration de son capital humain. La notion de « loisir » doit ici se comprendre comme toute activité autre que celle liée au « travail » qui renvoie quant à lui au fait d’effectuer une activité rémunérée. Lorsqu’un individu choisit le loisir, il renonce à deux types de revenus liés aux (1) heures supplémentaires ou (2) à une augmentation future de salaire permise par une meilleure qualification. Le sacrifice supporté dépend du « taux marginal d’imposition ». Autrement dit, quand le taux d’imposition augmente, cela diminue le revenu disponible tiré du travail et cela rend parallèlement le loisir plus intéressant que le travail. Par conséquent, si le taux d’imposition augmente, cela diminue le coût relatif du loisir et donc l’individu à tendance à substituer du loisir au travail.

  • ARBITRAGE CONSOMMATON / EPARGNE :

Chaque individu a le choix de consommer aujourd’hui ou d’épargner pour consommer demain. L’arbitrage dépend alors des revenus supplémentaires tirés de l’épargne, et ces revenus dépendent eux-mêmes du taux d’imposition. En d’autres termes, plus l’impôt sur le revenu de l’épargne sera élevé, plus le sacrifice en revenu futur d’une consommation immédiate sera considérable ; et donc plus le flux de revenu futur tiré de l’épargne sera faible. Par conséquent, le ménage est incité à consommer plutôt qu’à épargner quand le taux d’imposition est trop élevé. Mécaniquement, cela accroît alors la préférence pour le présent, se traduisant par une augmentation du taux d’intérêt.

Lien entre fiscalité, travail et consommation dans l’économie de l’offre

Concernant la fiscalité et le travail, la pression fiscale exerce des effets pervers en matière de comportement de travail :

  • « Effet de substitution » car, si les impôts augmentent, le contribuable accroît sa demande loisir et diminue son offre de travail ;
  • « Effet de revenu » car, si les impôts augmentent, il faut travailler plus pour garantir un même niveau de consommation. Or, il n’est pas toujours possible d’accroître le travail, a fortiori quand les réglementations viennent figer le marché du travail.

Concernant la fiscalité et l’épargne, la relation entre les deux vient diminuer le potentiel d’investissement d’un pays alors même que cet élément est clef dans sa capacité à engendrer de la croissance économique. En effet, un système d’impôt progressif taxe plus lourdement les niveaux de revenus les plus élevés, c’est-à-dire ceux qui épargnent le plus. Dès lors, plus la fiscalité est progressive, plus l’individu est incité à consommer immédiatement ou non pas à épargner. Au final, cette mécanique entraîne une diminution du niveau d’épargne et rend ainsi plus difficile l’investissement qui a besoin d’épargne au préalable pour se financer.

Un effet désincitatif de la fiscalité excessive

Au final, l’effet de la fiscalité excessive est désincitatif pour le travail et pour l’épargne, et in fine diminue le potentiel de croissance d’une économie, et donc sa capacité à générer de l’emploi marchand et des revenus pour la population. Notons cependant que dans les pays où le secteur public est protégé et repose sur des rentes d’activités sans concurrence et sans objectif d’efficacité, les populations évoluant dans la sphère publique ne supportent pas ce coût économique car leur statut et leur fonctionnement est financé par ponctions sur la sphère privée directement (fiscalité) ou indirectement (endettement public qui est une fiscalité différée sur les jeunes ou les futures générations) (cf. « illusion fiscale »).

Les mécanismes pour mettre en place la politique de l’offre

Baisse de l’impôt

Avec une baisse de l’impôt sur les sociétés, ces dernières auront dès lors plus de revenus pour investir dans la formation, embaucher des salariés, acheter de nouvelles machines etc… enfin bref, tout ce qui pourra leur permettre d’être plus compétitive.

Flexibilité

La flexibilité doit permettre de lever les doutes pour inciter les entreprises à embaucher ce qui pourra réduire le chômage et ainsi augmenter les capacités de consommation et d’épargne des individus.

Simplification des règlementations

La simplification des règlementations et la réduction des formalités administratives, elle permettra tout simplement de réduire une partie des coûts de l’entreprise et d’accélérer certains processus comme des recrutements ou des investissements.

Par ailleurs, L’Etat pourra également accorder des subventions aux entreprises privées dans certains secteurs économiques clés afin de les aider financièrement et aussi afin de les inciter à investir plus.

La politique de l’offre est-elle plus efficace que la relance par la demande ?

Tout dépend de la situation dans laquelle se trouve le pays concerné. Lorsque l’économie souffre d’une crise de sous-consommation, que les entreprises sont compétitives et qu’elles disposent de capacités de production inutilisées, la relance par la demande peut donner d’excellents résultats. La première ­expérience de ce type – le célèbre New Deal mené aux Etats-Unis dans les ­années 1930 – en reste le plus éclatant exemple. Mais dans une économie mondialisée, où les firmes de toute la planète inondent les marchés nationaux avec leurs produits, une telle politique peut s’avérer catastrophique. François Mitterrand en a fait l’amère expérience dès 1981 : sa généreuse ­distribution de pouvoir d’achat aux ménages a surtout bénéficié… aux entreprises allemandes ou japonaises, car notre propre ­appareil productif n’était pas compétitif, et les consommateurs préféraient acheter des produits étrangers…

Dans une situation pareille, mener une politique de l’offre s’avère beaucoup plus ­judicieux. En aidant les entreprises à réduire leurs coûts de production, l’Etat leur permet en effet de combler leur retard de compétitivité et de retrouver des marges de manœuvre pour investir. En somme, il s’attaque aux vraies causes de la crise. C’est cette voie que François Hollande a délibérément choisie de suivre depuis le mois de janvier. Il est d’ailleurs loin d’être le premier en Europe. L’Allemagne de Gerhard Schröder il y a près de dixans, et beaucoup plus récemment l’Espagne, l’Irlande ou l’Italie, toutes confrontées à une perte de compétitivité, s’y sont elles aussi résolues, et elles en tirent profit.

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